Dans notre dernier article, nous avons partagé la vidéo d’une conférence sur l’usage du jeu en entreprise. Si les intervenants et la spectatrice que je suis se sont montrés convaincus par la pertinence du support (le jeu), une autre spectatrice a parlé de “manipulation” et émis ses craintes de voir le jeu comme un moyen détourné pour induire des réflexions chez les joueurs, et donc chez les collaborateurs. La question est donc posée : l’usage du jeu en entreprise relève-t-il de la manipulation ?
Pour toute entreprise, l’objectif visé est sa pérennité. Pour atteindre ce but, plusieurs méthodes, plusieurs outils existent. Par définition, la manipulation est le fait d’amener quelqu’un insidieusement à tel ou tel comportement, à le manœuvrer. De cette définition, je retiens surtout le mot « insidieusement ». De prime abord, il semblerait donc que la manipulation soit avant tout une question d’intention. Or, le jeu est un outil et, comme tout outil, son usage dépend des intentions de celui qui s’en sert.
Les entreprises font généralement appel à nous pour quatre types d’occasions : le team building, le recrutement, l’intégration de nouveaux collaborateurs et la sensibilisation à certaines thématiques telles que les risques en milieu industriel ou les clés du bien vieillir. L’usage du jeu va alors créer de l’embarquement, de la cohésion entre les joueurs, les aider à se rencontrer dans le cadre de l’arrivée de nouveaux collaborateurs, stimuler leur créativité en leur faisant voir leur activité sous un nouveau jour, chercher à éveiller l’intérêt et l’implication des collaborateurs pour des sujets qui peuvent paraître rébarbatifs ou peu digestes. Ces moments sont souvent synonymes de plaisir et s’inscrivent dans une mémoire collective. Les objectifs ont été posés en amont et les animateurs interviennent dans cette optique, avec bienveillance.
Lorsque nous intervenons en entreprise, les intentions de nos clients sont généralement claires (les objectifs ayant été posés en amont), et ne visent, finalement, que le bien-être de l’entreprise et de ses collaborateurs. Par ailleurs, qu’elles fassent appel ou non à un processus de ludification, les objectifs des entreprises restent les mêmes. Pourquoi alors ne pas chercher à les atteindre de manière ludique ? Enfin, outre la question de l’intention, vient celle de la transparence et de la bonne communication (tiens tiens, ne serait-ce pas l’un des principes fondamentaux de l’escape game ?) : si les raisons de l’événement sont expliquées clairement et comprises par les collaborateurs, le jeu ne semble pas alors être un outil néfaste ou insidieux, mais apparaît plutôt comme facilitateur.
Petite nuance tout de même : pas de crainte, les surprises sont toujours possibles, évidemment ! Les raisons d’un événement peuvent être données… sans en révéler la nature exacte en amont !